Circuit « De la Guerre à la paix », Hauts-de-France, Belgique, 3e.

(actualisé le ) par COBAT E.

Mardi 16 mai et mercredi 17 mai derniers, 52 élèves de 3e générale et 3e SEGPA ont participé à une sortie inédite sur le thème du XXe s. A travers un circuit échelonné des Hauts-de-France à Bruxelles, ils ont pu donner davantage de sens aux notions abordées en classe depuis septembre, en se rendant sur les lieux mêmes où les faits se sont déroulés.
Progressant au rythme de la chronologie, le circuit intitulé « De la Guerre à la Paix » a d’abord fait halte sur un des théâtres majeurs de la Première Guerre mondiale, en l’occurrence le front d’Artois.

Dans les pas des combattants de la Grande Guerre.

A Vimy, les collégiens ont ainsi davantage pris conscience de ce qu’était la « guerre de position » livrée dans les tranchées de 14-18. Le site garde en effet les traces, toujours bien visibles, des combats, plus d’un siècle après les faits : no man’s land et champ de bataille parsemés de trous d’obus ou de cratères de mines ; éclats d’obus ou de matériel militaire affleurant dans les champs cultivés aux alentours.
Posant leurs pas là où les combattants les avaient posés plus d’un siècle plus tôt, les élèves ont arpenté à cette occasion, d’une part, un réseau de tranchées reconstitué en surface, d’autre part un tunnel utilisé pour la grande offensive d’avril 1917. Cette première série de découvertes a également permis de prendre conscience du caractère international de la Grande Guerre.
Le passage par le tunnel a également donné lieu à quelques explications en lien avec la SVT. La coupe de sol rendue visible par les parois de la galerie a ainsi permis d’apporter quelques précisions et informations sur les origines de la craie à silex caractéristique de cette partie du territoire français.

Vimy, un site fondateur de l’histoire canadienne.

La crête de Vimy est un haut lieu de l’histoire canadienne. La bataille qui y a été livrée entre le 9 et le 12 avril 1917 est en effet considérée comme un événement fondateur du pays : pour la 1e fois de leur histoire, les troupes canadiennes ont livré bataille et remporté la victoire, seules, et non aux cotés d’autres armées du Commonwealth britannique. Cela explique l’importance symbolique de ce site pour le Canada. Elle se traduit dans le paysage, avec un imposant Mémorial National du Canada édifié au sommet de la crête dominant le bassin minier du Pas-de-Calais.

Mémorial national du Canada, Vimy.

C’est pourquoi et en reconnaissance des sacrifices consentis en 14-18, l’ensemble du site est confié aux autorités canadiennes : c’est donc avec une certaine surprise que les élèves ont été accueillis puis guidés dans leur visite par du personnel canadien, aux vêtements et véhicules marqués de la feuille d’érable.

https://www.museedelaguerre.ca/prem...

C’est d’ailleurs depuis les marches de ce Mémorial où ils étaient rassemblés, que les élèves ont entonné, en choeur, le Chant des partisans, travaillé en classe cette année.

Nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette.

Après le champ de bataille de Vimy, le groupe a rejoint Notre-Dame de Lorette, où deux monuments se font écho pour rappeler à quel point la « guerre d’usure » menée entre 1914 et 1918 fut meurtrière. Il y a d’abord la Nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, plus grand cimetière militaire de France avec près de 42 000 soldats enterrés. Arpentant les allées, où reposent d’ailleurs quelques soldats originaires du Vexin, les 3e ont pu constaté concrètement la diversité des troupes françaises engagées dans la guerre, en observant des différences de sépultures entre troupes métropolitaines et celles issues des colonies, selon que les soldats étaient chrétiens, juifs ou musulmans.

https://www.cheminsdememoire.gouv.f...

L’Anneau de la Mémoire.

Et c’est à deux pas de la nécropole que cette diversité des combattants de la Grande Guerre a pris tout son sens. L’Anneau de la Mémoire, inauguré en 2014, garde en effet le souvenir de près de 580 000 soldats tués pendant la Première Guerre mondiale sur le sol du Nord-Pas-de Calais. Leurs noms s’y succèdent alphabétiquement, sans tenir compte de l’origine. Des soldats venus de tout l’empire français (Afrique du Nord, Afrique noire, Asie, Pacifique etc.) y voisinent avec ceux de l’empire britannique (Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains ...), mais aussi des Allemands, des Tchèques, des Slovaques, des Polonais, des Portugais, etc.

[-https://memorial1418.com/anneau-de-...]

C’est dans ce lieu chargé d’histoire qu’ont eu lieu les deux premiers temps forts du parcours. Il y a d’abord eu un dépôt de gerbe à l’Anneau de la Mémoire. Réalisé en présence de bénévoles de la « Garde d’honneur de l’ossuaire de Notre-Dame de Lorette », cet acte a pris un caractère encore plus solennel. Puis, chaque élève, mais aussi chaque adulte encadrant, a alors parcouru les murs de noms à la recherche d’un éventuel ancêtre tombé en 14-18 ou au moins un homonyme. Nombreux furent d’ailleurs ceux qui identifièrent finalement, non sans émotion, leur nom de famille sur le monument.

Sonnerie du Last Post.

La journée s’avançant, il était alors temps de prendre la route vers Ypres et la Belgique, où un nouveau temps fort était programmé à 20h précises. En effet, depuis 1928, une cérémonie se tient, dans cette ville belge, tous les soirs à 20h à la Porte de Menin. Appelée « Last Post » (du nom de la sonnerie aux morts réglementaire), elle commémore tous les soldats du Commonwealth britannique morts au combat durant la Grande Guerre. Tandis que les collégiens de Marines assistaient à la cérémonie au milieu d’une foule impressionnante, deux de nos élèves ont procédé à un nouveau dépôt de gerbe, avec cette fois encore, beaucoup d’émotion.

[>https://www.toerismeieper.be/last-p...]

Le lendemain, mercredi 17 mai, a été consacré aux deux autres faits marquants de l’histoire du XXe s. Toujours guidé par la chronologie, le parcours nous a menés au Mémorial national du Fort de Breendonk, non loin de Malines/Mechelen au nord de Bruxelles. Il s’agissait ici de sensibiliser les élèves au sort des prisonniers victimes du nazisme durant la Seconde Guerre mondiale.

Entrée du Fort de Breendonk.

Le fort de Breendonk a en effet servi de camp d’internement entre 1940 et 1944, les prisonniers y subissant les pires violences de la part du personnel (composé d’Allemands fervents nazis mais aussi de collaborateurs belges). Guidés à l’intérieur des locaux restés dans leur état d’époque, les 3e ont ainsi été immergés dans le quotidien des victimes (juifs, résistants, opposants, religieux ...) affamées, exposées aux coups, aux privations, à la torture, privées d’hygiène, etc. Tandis que certains élèves étaient invités à reproduire des gestes a priori anodins (faire son lit), d’autres découvraient les équipements sanitaires davantage conçus pour la propagande nazie que pour l’utilité des détenus. Complétés par des photos exposées ici et là dans le fort et des témoignages relatés par les guides, les collégiens ont ainsi pu mesurer la brutalité du nazisme et ses innombrables pratiques visant à déshumaniser les prisonniers. Certains ont même profité de la visite pour réaliser quelques croquis de lieux marquants du site ou garder la trace de commentaires ou d’anecdotes entendues au fil du parcours.

Croquis de Margot Hermand 3e C
Croquis de Margot Hermand 3e C

Moment fort mais aussi éprouvant, la visite de Breendonk a indéniablement marqué mais aussi intéressé nos adolescents. Elle a par ailleurs permis de faire le lien avec les textes littéraires travaillés en cours de français cette année (tels ceux de Primo Levi) ou bien encore des oeuvres d’art étudiées dans le cadre du Parcours arts au programme de 3e. (ex. « Autoportrait au passeport juif » de Félix Nussbaum, artiste peintre allemand réfugié en Belgique avant d’être déporté et tué à Auschwitz).

[>https://breendonk.be/fr]

L’Union européenne c’est ... la paix.

Après cette première journée et demie dominée par les guerres mondiales, la fin du parcours nous a mené vers Bruxelles, où s’est construite et se construit encore actuellement l’Union européenne. Guidés par la volonté d’imposer et de garantir la paix dans un continent ravagé par deux conflits majeurs en un demi-siècle, les fondateurs de l’Europe ont contribué à faire de la capitale belge, une des capitales de l’Union. Parmi toutes les institutions qui s’y trouvent, notre groupe a pu visiter le Parlement européen. Il a d’abord bénéficié d’une présentation très précise de la construction européenne tout en restant très abordable pour des collégiens. Cette présentation a pris un sens tout particulier du fait qu’elle était dispensée par Clara, une citoyenne hongroise née de l’autre côté du « rideau de fer » pendant la Guerre froide et qui avait fait ses études à l’université de Cergy après la chute du Mur de Berlin. Par son vécu et son engagement pro-européen, elle donnait corps et chair à bien des événements et sujets étudiés en classe cette année. Puis, les élèves ont pu se rendre dans l’hémicycle du Parlement, afin d’en mesurer l’ampleur architecturale comme l’importance institutionnelle.

https://www.europarl.europa.eu/portal/fr

Initialement prévue au printemps 2020 et finalement annulée pour cause d’épidémie de Covid 19, cette sortie a pris une signification toute particulière cette année. En effet, 16 mois après l’agression russe et le déclenchement de la guerre en Ukraine (évoqués lors de la visite du Parlement), montrer et expliquer pourquoi l’Europe - au sens de l’Union européenne - incarne la paix a plus que jamais d’importance.

La Grand place de Bruxelles.

Enfin, avant de reprendre la route du retour, notre circuit s’est achevé sur la Grand Place de Bruxelles, où les élèves ont pu profiter d’un moment de temps libre pour clore cette sortie sur une note plus légère.